Malgré une baisse notable du taux net d’emploi, passé de 90,5% en 2023 à 80,2% cette année, les diplômés de grandes écoles « résistent trois fois mieux que la moyenne des jeunes actifs », selon Nicolas Glady, vice-président de la commission Formation et Carrières de la CGE. Une performance qui confirme, encore une fois, que ces diplômes restent une véritable assurance sur le marché du travail.
Un marché plus dur, mais des diplômés toujours attractifs
La conjoncture actuelle n’épargne personne : les entreprises recrutent moins, les délais pour décrocher un poste s’allongent, et la concurrence s’intensifie. Pourtant, les diplômés de grandes écoles gardent une place privilégiée.
Derrière le chiffre global de 80,2% de jeunes en poste, on observe des nuances selon les profils. Les ingénieurs affichent un taux d’emploi de 82,4%, même si c’est une baisse de plus de 7 points par rapport à l’an dernier. Les managers sont à 78,3% (-2,9 points), tandis que les diplômés d’autres spécialités se situent autour de 73,3%.
Autre indicateur qui traduit les difficultés actuelles : 16,9% des jeunes diplômés déclarent être encore en recherche d’un premier poste, contre 12,2% l’année précédente. Le phénomène touche plus particulièrement les diplômés en management (19,6%) que les ingénieurs (14,9%).
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L’apprentissage : un vrai tremplin pour l’emploi
Un des enseignements positifs de l’enquête concerne l’alternance, qui continue de jouer un rôle clé dans l’insertion professionnelle. Cette année, plus de 30% des jeunes interrogés sont passés par l’apprentissage, un chiffre en hausse de deux points par rapport à 2024.
Ce parcours se révèle payant : 66% des diplômés ayant suivi une alternance trouvent un emploi rapidement, contre 64,2% pour ceux qui n’ont pas suivi ce type de formation. L’alternance offre aux étudiants une première expérience concrète, souvent dans des secteurs porteurs, et facilite même l’intégration dans l’entreprise où ils ont effectué leur contrat.
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Des délais d’embauche raisonnables et des postes de qualité
Même dans un marché moins dynamique, les diplômés des grandes écoles ne restent pas longtemps sur le carreau. L’enquête montre que 82% trouvent un poste en moins de deux mois, et près de 65% signent leur contrat avant même la fin de leurs études.
La qualité des emplois proposés reste aussi très bonne :
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83,5% des diplômés décrochent un CDI.
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85,7% obtiennent directement un statut cadre, avec plus de 90% pour les ingénieurs.
Ces chiffres démontrent que, malgré une conjoncture moins favorable, les recruteurs continuent de faire confiance aux jeunes diplômés issus de formations exigeantes et reconnues.
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Des salaires en progression, mais des écarts qui persistent
Autre bonne nouvelle : le salaire brut moyen continue de progresser. En 2025, il s’établit à 39.604 € hors primes, soit 1,5% de plus qu’en 2024.
Les diplômés en management sont ceux qui s’en sortent le mieux, avec un salaire moyen de 41.103 €, contre 39.129 € pour les ingénieurs.
Mais derrière cette progression globale se cache une réalité plus préoccupante : les écarts de salaire entre les femmes et les hommes ne se réduisent pas. Pire, ils s’accentuent légèrement. En moyenne, un jeune diplômé homme gagne 5,7% de plus que sa collègue femme, alors que cet écart était de 5,2% l’an passé.
Dans certaines filières, comme le management, l’écart dépasse même les 7%. Et dans des secteurs comme la banque-assurance, la différence peut atteindre 4.100 € par an.
Les conditions d’emploi reflètent aussi ces inégalités : 78% des femmes décrochent un CDI, contre 87,4% des hommes, et seules 80,1% accèdent au statut cadre, contre 89,5% chez leurs homologues masculins.
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Des actions pour changer les mentalités
Pour Laurent Champaney, président de la CGE, ces écarts sont le reflet de biais encore bien ancrés dans la société. « Quand un poste est plus technologique et mieux rémunéré, on perd systématiquement des femmes », déplore-t-il.
Face à cette réalité, plusieurs initiatives voient le jour. Le plan national « Filles et maths », par exemple, vise à encourager les jeunes filles à se tourner vers les carrières scientifiques et technologiques. Les écoles, de leur côté, multiplient les dispositifs d’accompagnement pour aider les étudiantes à mieux négocier leur salaire ou à postuler à des postes plus ambitieux.
L’objectif est clair : briser le plafond de verre dès le début des carrières et permettre aux jeunes diplômées de valoriser pleinement leurs compétences.
Une enquête de référence
Cette 33ᵉ enquête d’insertion professionnelle reste une référence pour mesurer l’employabilité des diplômés de grandes écoles. Réalisée sur trois mois, entre décembre 2024 et mars 2025, elle a mobilisé plus de 214.000 diplômés issus de 204 écoles, avec un taux de participation de 63,3%.
Ces données précises permettent non seulement de mieux comprendre les tendances du marché, mais aussi d’identifier les leviers pour améliorer encore l’insertion et réduire les inégalités persistantes.